Elles prennent soin des familles (épisode 3)
Pour les 25 ans de la Fondation Ronald McDonald, les directrices des Maisons de parents et de la Parenthèse racontent leur travail au quotidien et reviennent sur le rôle de la Maison dont elles ont la charge pour accompagner les familles d'enfants hospitalisés, leur offrir de véritables moments d'évasion et un cadre de vie propice aux rencontres réconfortantes.

C'est cette fois au tour de Marie-Christine Bois, directrice de la Maison de Villejuif et Marie Verseils, directrice de la Maison de Marseille de livrer leur témoignage.

 
Marie-Christine Bois, Maison de parents de Villejuif

Marie-Christine Bois, Maison de parents de Villejuif

Maison du monde

Son parcours
Travailleuse sociale et psychologue de formation, elle a participé à la création des premiers appartements thérapeutiques pour adultes malades psychiatriques. Recrutée il y a vingt-neuf ans pour être directrice de la première Maison de parents de France, à Villejuif, elle a eu carte blanche pour y mettre son empreinte, faite d'accompagnement, d'écoute et de soutien des familles.

> À la Maison de parents de Villejuif, toutes les cultures et les religions se côtoient. Marie-Christine Bois a fait de ce multiculturalisme une force, chacun apportant aux autres un peu de son pays, de ses traditions.

« La Maison de parents a la particularité d'être à côté de l'Institut Gustave-Roussy, le premier centre européen de lutte contre le cancer. De ce fait, nous accueillons des familles d'enfants malades venus de tous les horizons. Ce brassage d'origines et de cultures variées, nous en faisons une force.  Durant les moments de convivialité collective, qui sont autant de petits temps de pause dans le parcours de soins des enfants qui est assez difficile, les familles qui le souhaitent sont invitées à se raconter. Je pense à ce papa venu d'Australie, plongeur émérite, qui nous a montré ses photos de fonds sous-marins australiens. A cette famille italienne qui nous a raconté l'histoire de la mafia. A ces parents qui nous ont présenté la tapisserie de Bayeux en nous expliquant qu'il s'agissait de la première bande-dessinée de l'histoire. Beaucoup de choses s'organisent bien sûr aussi autour des repas. Ce sont des rendez-vous spontanés, initiés par les familles ou par l'équipe de la Maison. On confectionne un repas, on organise un atelier culinaire pour apprendre à préparer par exemple un colombo. Ce multiculturalisme est un plus pour les familles dans le quotidien de la vie à la Maison. Ce n'est pas forcément simple de programmer ces moments de partage car tout dépend de l'état de santé des enfants qui souffrent de tumeurs graves. Mais pour la dernière fête de la musique presque toutes les familles étaient présentes dans la Maison. La cohabitation entre toutes ces cultures, toutes ces religions aussi, se passe très bien. Au moment du ramadan par exemple, pour la rupture du jeune, les musulmans ne cuisinent pas seulement pour eux mais pour l'ensemble des familles présentes dans la Maison. La solidarité est forte, la maladie rapproche les parents en peine. Comme me disait un jour un papa, “on a tous un cœur et on est tous des parents” ».

Marie Verseils, Maison de parents de Marseille

Comme une seconde famille

Son parcours
Marie Verseils a rejoint la Maison de parents de Marseille en 1997, après avoir exercé dans le milieu hospitalier à Paris auprès d'accompagnants de malades. Elle en est la directrice depuis 1999.

> Conjuguer, au sein d'une même Maison, le rythme de l'hôpital avec celui de familles aux origines très diverses n'est pas tâche aisée. Un équilibre sur lequel Marie Verseils veille pour faire de ce lieu une seconde maison où se nouent des relations très fortes.

« Nous accueillons ici les familles d'enfants hospitalisés dans tous les services de l'hôpital de la Timone : néonatologie, hématologie, greffes ou maladies génétiques… Les familles restent parfois une nuit, mais la moyenne est d'environ quinze jours. Notre plus long séjour a été de trois ans ; l'enfant faisait des allers-retours entre une hospitalisation et des soins de jour, mais la maman a séjourné chez nous durant toute cette période. Des liens forts se sont noués, l'enfant venait dès son réveil jouer dans notre bureau. Que ce soit avec l'équipe ou les autres parents, les familles rencontrent une belle solidarité au sein de la Maison qui joue un rôle quasi familial. Nous sommes dans des relations bienveillantes basées sur l'écoute et l'observation. Nous organisons des moments de partage avec les petits déjeuners une fois par mois ou les fêtes de Noël bien sûr. Mais c'est surtout au fil des jours, quand une famille est amenée à séjourner longtemps, que les parents s'ouvrent à l'échange. Entre parents notamment qui peuvent se parler en toute confiance car chacun est confronté à la maladie. On ne se juge pas, on apporte son soutien dans les moments difficiles. Et quand une tragédie survient, toute la Maison fait corps pour épauler au mieux ceux qui sont dans la détresse. » 

> Épisode 1 : Aurélie Grignard, directrice de la Maison de Toulouse et Edwige Cousty, directrice de la Maison de Limoges

> Épisode 2 : Alexina Guillodo, directrice de la Maison de Grenoble et Virginie Drouet, directrice de la Maison de Bordeaux

> Épisode 4 : Karine Costa, directrice de la Maison de Nantes et Yolande Samson, directrice de la Maison de Strasbourg

> Épisode 5 : Audrey Lemoine, directrice de la Parenthèse d'Arras
Marie Verseils, Maison de parents de Marseille